Il y a un peu plus de 150 ans, le cimetière de Lalobbe était encore situé dans le village autour de l’église. Toute la population, exceptés les seigneurs et leur famille ainsi que les curés de la paroisse, y était inhumée.
Le cimetière autour de l'église
Au Moyen âge et sous l’Ancien régime, avec l’évolution de la population et des villes, se développent les cimetières, à la fois lieu béni et sacré, mais aussi lieux de marché ou pâturage pour le petit bétail. Un édit de 1695 fait obligation aux habitants de clôturer le cimetière paroissial.
A la fin du 17ème siècle, le cimetière n’était toujours pas clos, des travaux furent entrepris. Le révérend père Fromage, curé de la paroisse, paya sur ces propres deniers le prix des murs et participa à la construction de l'enceinte :
Textes extraits des « les additions de Pierre Marandel à la Chronique de Jean Taté » :
Le 23° juin 1687, on a commancé à fermer de muraille le cimetière de la paroisse de Lalobbe, qui auparavant étoit libre et sans aucune fermetture, le prix de laquelle muraille fut payé par le R.P. Fromage, prieur et curé dudti lieu de ce propre deniers
De plus ledit RP Fromage, [...] alla luy-même à la terre le 4° juillet audit an,[...] et prit en main un loucet(*) pour foyer(*) lui-même la terre [...]
(*)Loucet ou louchet : Bêche à lame longue et étroite - Foyer ou Fouyir : Creuser, piocher, bêcher
Les pierres utilisées pour la construction furent extraites des carrières du petit Landa
[...] il alla luy-même aider les chartier à charier les pierre à la carrier au petit Landa le 8° juillet 1687
Depuis le Moyen âge, dans un contexte d’ignorance et de superstition, l’âme d’un corps placé dans l’église était supposée aller plus vite et plus près de Dieu au paradis ; ceci moyennant finance, les places les plus proches du chœur étant les plus chères ; les familles achetaient un caveau à tel emplacement.
Concernant les inhumations dans l’église, les registres paroissiaux indiquent précisément l’endroit où ont été déposés les défunts. Ainsi deux curés décédés à Lalobbe furent enterrés dans l’église en 1709 et 1747, l’un devant le grand autel en dessous de la lampe, l’autre dans le choeur de l’église devant le grand autel.
Les seigneurs de Lalobbe et leur famille inhumés dans l’église, l’étaient dans la chapelle du St Rosaire (ou chapelle de la Vierge) tel le 16 mars 1702, Michel de Canelle, écuyer, seigneur de Sery et Lalobbe inhumé dans la chapelle du St Rosaire au côté droit de l’autel à 8 heures du soir et son épouse Thérèse Daunoy le 27 mai 1711, dans la chapelle du St Rosaire au devant de l’image de la Vierge.
Les corps étaient enterrés sous les dalles du pavement de l’église, dalles soulevées à l’occasion d’un enterrement. Un édit de 1776 interdit les inhumations dans les églises pour des raisons de salubrité, mais cet édit n’était pas toujours totalement respecté.
Le nouveau cimetière
Le 12 mai 1867, le conseil municipal sollicita l’autorisation de transférer l’ancien cimetière à l’extérieur de la commune en raison de l’étendue insuffisante de celui-ci et de l’insalubrité qu’il constituait au sein de la commune. Suite à des procès verbaux d’expertise et d’enquête , une autorisation préfectorale fut délivrée le 9 octobre 1867. La commune de Lalobbe acheta le 24 octobre un terrain de 36 ares situé au lieudit la Chanue. Ce terrain appartenait à Jean Baptiste Chatelin, marchand à Lalobbe. Une imposition extraordinaire "des plus imposés" du village fut levée afin de financer l’acquisition de ce terrain payée sur trois années.
L’autorisation préfectorale indiquait également que l’ancien cimetière devait rester en l’état et ne pas être destiné à un autre usage avant cinq ans.
Le 2 février 1868 fut inauguré le nouveau cimetière de Lalobbe par le clergé, le maire Mr Tranchart et le conseil municipal devant toute la paroisse. (Bulletin du diocèse de Reims N°32 du 8/2/1868)
Le 9 février suivant, les restes de Jean Baptise Willemet (le curé qui s’était marié lors de la révolution et qui fut réhabilité par la suite) et de Louis Gérard Cayasse, tous deux anciens prêtres de la paroisse furent transférés dans le nouveau cimetière.
Le bulletin diocésain précise qu’une tombe sacerdotale n’a pas été transférée, celle de l’Abbé de Regnier, missionnaire en Afrique et membre de la famille de Regnier et des Lyons, châtelains de Lalobbe.
Dans les registres paroissiaux, on trouve diverses notes dont celle-ci :
On a cessé d’enterrer au cimetière autour de l’église le 22 février 1868. Dernière inhumée Jne Marie Misert veuve Grenet. Inauguration du nouveau cimetière le 26 fev. 1868 par Alexis Monmarte enterré à l’entrée à gauche.
Dans les budgets de la commune conservés aux Archives Départementales, on trouve la trace des divers travaux effectués dans le nouveau cimetière. En 1874 et 1913, drainage, en 1895, une porte et une clôture sont installées (travaux réalisés par Jules Colas, l'arrière grand-père de Daniel Colas, aujourd'hui (2024) maire de Lalobbe), en 1907, on repeint la porte d'entrée et en 1913, on construit le muret de l'entrée sur lequel on pose des grilles.
Aujourd’hui, il reste sur le mur à l’arrière de l’église une croix posée en souvenir du curé Cayasse et une petite stèle .
Ci git, Louis Gérard Cayasse curé de Lalobbe mort le 9 juillet 1836 âgé de 36 ans, chéri et regretté de ses paroissiens
En 1901, le mur d'enceinte de l'ancien cimetière existait toujours, puisque les budgets de la commune font mention de réparation des "murs de l'ancien cimetière".
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