Le maître d'école, bien plus qu'un enseignant.
Avant la Révolution, c'est un maître au service de la paroisse. Il peut être aussi, clerc, greffier, sacristain, sonneur de cloches, chantre... Pour devenir maître d’école dans une paroisse, le candidat doit fournir « un certificat de bonne vie et mœurs ». Cette nomination doit recevoir l’accord du curé et fait l’objet d’un contrat signé, indiquant la durée de l’engagement, la rémunération, la possibilité ou non d’être logé et surtout les devoirs que le maître d’école aura envers la paroisse. Si vous voulez en savoir plus, visitez le site "Le temps des instituteurs" ou télécharger le fichier retranscrivant un contrat de maître d'école à Tournes en 1755 (click sur flèche verticale).
Remy Denoiville
Le premier "enseignant" découvert dans les registres paroissiaux de Lalobbe se nommait Rémy Denoiville. Il était maître d’école et clerc[1] de la paroisse. C'est l'un de mes lointains ancêtres de la 9ème génération.
Du 1er janvier 1675 (date du premier registre conservé aux archives des Ardennes) jusqu'au 1er septembre 1700, on trouve sa signature au bas de la plupart des actes de baptême, mariage et sépulture qu'il rédigea. Né vers 1645-1646, il décéda à Lalobbe le 24/9/1700 à l'âge de 55 ans. Il se maria deux fois et eut douze enfants, cinq enfants de sa première épouse et sept de la seconde épouse. Thomas Denoiville, un de ses fils fut maître d'école à Draize en 1695.
Jacques Magnan
Il succéda à Remy Denoiville, on trouve sa trace dans le registre de 1702 avec l'acte de naissance de sa fille sur lequel est indiqué sa profession. En 1712, il est de retour à Hannogne St Remy dont il est originaire et y décèdera en 1734.
Charles Augustin Lagasse
Le 2 avril 1715, Charles Augustin Lagasse est clerc. On le retrouve en 1716, où il est indiqué qu'il est maître d'école et clerc Il n'exerce pas les fonctions de chantre de l'église qui sont dévolues à Pierre Marandel.
Charles Blondeau
Le 21 mars 1727, il occupe les fonctions de clerc et maître d’école de Lalobbe. Il a probablement suivi Jean Baptiste Welstrich le curé de Lalobbe ; lequel occupait précédemment la cure de Tarzy, paroisse où vivaient Charles Blondeau, son épouse Antoinette Goffart et leurs quatre enfants. Cinq autres enfants naissent à Lalobbe dont Jean Baptiste qui sera également maître d'école à Lalobbe. Après le décès de son épouse, Charles Blondeau se remariera en 1739 à Signy l'Abbaye où il décède le 25 juin 1772 à l'âge de 84 ans.
Jean Baptiste Blondeau
Fils du précédent maître d'école, il exerce donc les mêmes fonctions que son père. Quoique.....en 1755, il pratique un ondoiement[2] (clic sur le texte pour en lire le détail)
Les tâches des maîtres d'école étaient très variées !!!
En 1774, une partie de son salaire est fonction de la rétribution qu'il perçoit directement des parent : "Un maître d'école qui a pour appointements quatorze sols(sous) par ménage". Il n'existe pas de bâtiment d'école : "il enseigne les filles et les garçons chez lui et il a en hÿver quatre vingt tant écoliers qu'écolières".
Il se marie en 1752 à Barby et décède à Lalobbe le 27 mars 1808, âgé de 79 ans. Il aura six enfants parmi lesquels, Arnould sera clerc et maître d'école à Rocquigny en 1776 et intégrera durant la période révolutionnaire les "volontaires nationaux"[3].
Claude Antoine Ludinart
Il est nommé maître d'école à Lalobbe en 1783. Il est originaire d'Auboncourt les Vauzelles, où son père Louis Claude exerce le même métier. Il se marie le 25 septembre 1783, à Lalobbe où naissent quatre enfants. Durant la période révolutionnaire, on le retrouve à Herbigny de l'an 5 à l'an 7, période durant laquelle la famille s'agrandit de trois enfants. Sur leurs actes de naissance, Claude Antoine n'est plus maître d'école mais instituteur ! En 1808, il perd un enfant alors qu'il est instituteur à Chaumont Porcien où il décèdera le 23/02/1838 à l'âge 80 ans. L'acte de décès est dressé sur la déclaration de son fils, Louis Claude Antoine 54 ans, qui est aussi instituteur à Chaumont. On peut également citer un de ses fils Gérard Urbain né à Lalobbe en 1789, qui recruté en 1808 comme grenadier au 70ème régiment d'infanterie de ligne, fut fait prisonnier par les Anglais en 1809. En 1814, il réintégra son régiment et fut versé dans le 65ème régiment. Combien de temps resta-il encore sous les drapeaux ? Il survécut aux guerres napoléoniennes puisqu'en 1820, à l'âge de trente ans, devenu tailleur d'habit, il se maria à Chaumont-Porcien.
[1] Véritable auxiliaire du curé, il participait à toutes les cérémonies du culte, services quotidiens, messes dominicales, baptêmes, mariages, sépultures, fêtes et processions. Le clerc signait avec le curé les actes de baptême , mariages et sépultures.
Assisté du bedeau et des enfants de choeur placés sous son autorité, le clerc sonnait les cloches et remontait l'horloge, participait au nettoyage et à la décoration de l'église.
Le clerc était aussi chargé d'entretenir le parterre et le jardin du curé qui lui donnait pour cela une gratification annuelle .
Il était aussi maître d'école rémunéré par des droits d'écolage réglés par les parents , en argent et/ou en nature. Pour l'instruction des enfants pauvres de la paroisse , le maître recevait une indemnité annuelle .
Le clerc avait une place centrale dans la paroisse, jouissait d'une réelle considération , mais sa condition était relativement modeste et dépendante .
[2] L'ondoiement est un baptême simplifié, pratiqué par des laïcs ou des ecclésiastiques, en cas de risque imminent de décès, ou par précaution quand le baptême ne pouvait pas être célébré ou devait être reporté pour une circonstance quelconque.
[3] L'expression « volontaires nationaux pendant la Révolution » désigne les personnes qui, à partir de 1791, s’engagent dans l’armée française pour des raisons idéologiques, dans le cadre de bataillons formés au niveau d’un département ou d’une ville.
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