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La Divine Providence et l'éducation des jeunes filles de Lalobbe

Dernière mise à jour : 2 oct.

La Divine Providence était une congrégation de Reims vouée à la direction d’école de jeunes filles souvent en zone rurale,  à la tenue de crèches et de salles d’asile[1] pour la première enfance, aux soins et à la visite des malades à domicile.

 

La petite communauté répondait à de réels besoins, le gouvernement le reconnut en autorisant son existence légale par décret impérial du 8 décembre 1853. Dès 1854, les soeurs tenaient à Reims la crèche du 2ème arrondissement, dans la Marne deux écoles de campagne, et dans les Ardennes les écoles communales de Savigny sur Aisne,  Autry, Lalobbe, Vieil St Remy, Hargnies, Hannapes, Fléville et celle de Semide fondée par le curé. Dans les années qui suivirent, elles furent appelée à prendre la direction des écoles communales de l’Echelle, Cornay, Villers devant le Thour et Saint Juvin.

 

La création d'un établissement d'éducation pour les jeunes filles de Lalobbe

Le 17 janvier 1857, par décret impérial, la congrégation de la Divine Providence fut autorisée à fonder à Lalobbe un établissement de soeurs de son ordre.

 

Par ce même décret, la congrégation de la Divine Providence et le maire de Lalobbe (pour la part qui le concerne[2]) furent autorisés à accepter un don de la Demoiselle Jeanne-Marie Letellier suivant un acte de Me Marquet notaire à Reims en date du 8 mai 1854, laquelle donation consistait en divers immeubles (bâtiments et terres) situés sur le territoire de Lalobbe, estimés à 8 763 francs sous la conditions que les soeurs de la Divine Providence dirigeant l’école des filles établie à Lalobbe donnent gratuitement l’instruction à quatre enfants pauvres de la commune désignés par le curé et ce tant que l’école serait dirigée par les soeurs.

 

A cette époque, "l'école des filles" n'était pas encore construit et les religieuses devaient très certainement dispenser l'enseignement dans les bâtiments reçus en donation, lesquels étaient situés dans l’actuelle rue du Moulin, parfois dénommée rue de l’Abreuvoir à la fin du 19ème siècle. En 1886 et 1891, les soeurs sont recensées dans une habitation à la suite de celle de l'instituteur des garçons, elle résidaient donc à l'école des filles qui a été construite vers 1880 selon une note rédigée dans d'anciens registres paroissiaux.


Les biens de la congrégation et leur vente

L’acte de vente des biens de la congrégation, en 1905 lors de sa liquidation judiciaire précise :

« Une maison comprenant trois espaces de bâtiments, nature d’habitation composée de trois places au rez de chaussée, chambres au premier étage, grenier au dessus, cour derrière, fournil, section B219 – 220 du plan cadastral. Le tout appartient au nord par la cour et un mur appartenant à la propriété Arbonville et autres, du midi à la rue du Moulin et au ruisseau de St Nicolas, du couchant Danton et du levant veuve Peltier »

 La congrégation possédait également deux jardins, l’un à Norguémont, l’autre au lieudit les Vallons, deux bois, l’un au Huileux, l’autre au lieudit Rumingue, des terres et prés (Rumingue et la Vannière).


Lors de cette liquidation, la mise à prix de l’ensemble fut fixée à 2480 francs avec obligation pour les acquéreurs de respecter le bail du 9 février 1902 conclu entre la congrégation et François Noel Jacob-Petit. Ce bail concernait l’habitation, une écurie, les jardins et les terres pour un loyer de 135 francs l’an.


 Plan cadastre Napoléonien de 1844

  

Les soeurs enseignantes

En 1856, deux soeurs figurent sur le recensement comme institutrices, soeur Marie Joséphine ( Ponsignon) âgée de 42 ans et soeur Augustine âgée de 20 ans.


 En 1859, Soeur Marie-Joséphine reçoit une récompense pour ses cinq années d’exercice, la mention «honorable » lui est décernée par la Société pour l’Instruction Elémentaire, elle est déclarée institutrice recommandable sous tous les rapports, avec des résultats satisfaisants


De 1856 à 1891, au fil des recensements de population, on voit les soeurs se succéder à l’école de Lalobbe, elles  ont pour nom « religieux » Soeur Marie Joséphine (Ponsignon), Soeur Augustine Marie, Soeur Claire Clotilde, Soeur Justine, Soeur Marie Sidonie, Soeur Louise (Marie Antoinette Pasquet). Les dernières religieuses en poste entre 1881 et 1891 furent, Angelina Maria Lebas, Berthe Potron  et Joséphine Aline Dethune

 

La fin de l'implantation de la congrégation à Lalobbe

En raison de la loi Goblet du 30 octobre 1886 qui, complétant les lois Jules Ferry (école gratuite, instruction primaire obligatoire et début de la laïcisation de l’enseignement public), confiait à un personnel exclusivement laïc, l'enseignement dans les écoles publiques, les institutrices des congrégations telle celle de la Divine Providence furent remplacées par des enseignantes laïques

Article 17 : « Dans les écoles publiques de tout ordre, l'enseignement est exclusivement confié à un personnel laïque. »

 Ce fut et c'est toujours une des grandes lois éducatives françaises. Elle redéfinissait aussi l’organisation de l’enseignement primaire, renforça l'intervention de l'État dans l'organisation de l'enseignement élémentaire et fonctionnarisa les instituteurs.

 

Article 6 Ségrégation sur le sexe « Seuls les instituteurs peuvent enseigner dans les écoles de garçons, et seules les institutrices peuvent enseigner dans les écoles de filles, les écoles maternelles, les écoles ou classes enfantines et les écoles mixtes. Les institutrices ne peuvent enseigner dans les écoles de garçons qu'à condition d'être adjointes, d'être soit « épouse, sœur ou parente en ligne directe du directeur de l'école ».

Sur les recensemenst de 1886 et 1891, les religieuses figurent encore sur les listes mais occupent le logement de fonction de la nouvelle école des filles. En 1892, le poste fut laïcisé et une institutrice publique les remplaça, Melle Angèle Charpentier.

 

[1] Les salles d'asile, créées en 1826, sont au début de simples garderies pour les enfants des femmes qui travaillent. Elles sont dotées peu à peu d'objectifs pédagogiques plus ambitieux et deviennent des écoles maternelles en 1881.

[2] L'acte notarié de 1854 mériterait d'être consulté pour en savoir plus, mais les minutes de Maître Marquet sont absentes des Archives de la Marne pour cette période.

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