La petite histoire du presbytère
- catherinepaulus
- 1 mars
- 15 min de lecture
Dernière mise à jour : 22 mars

Le presbytère est l’endroit où habite le curé d’une paroisse, cette habitation est souvent située à proximité immédiate de l’église paroissiale.
A Lalobbe, il était dans l’actuelle rue de l’Eglise, en face des marches de la petite porte de l’Eglise.
Quelques précisions historiques
En 1789, le gouvernement, en pleine crise financière, nationalise, sur proposition de l’évêque d’Autun Talleyrand, les biens très importants du clergé. Les biens de l’Église sont confisqués et déclarés propriété de l’État qui en contrepartie s’engage à financer le culte et entretenir les prêtres.
Les presbytères, le mobilier des églises, les églises même parfois, sont ainsi progressivement vendus comme " biens nationaux " afin de renflouer le budget de l’état. Le presbytère de Lalobbe n’échappe pas à cette mesure.
Il faut attendre le concordat de 1801, entre Bonaparte et le pape Pie VII pour que tout rentre dans l’ordre " … le gouvernement de la république française reconnaît que la religion catholique apostolique et romaine est la religion de la grande majorité des Français….".
Les lieux de culte catholique sont ainsi réouverts, les prêtres ayant signé un serment de fidélité au gouvernement sont nommés dans les paroisses. L’état doit toujours rémunérer les prêtres et leur fournir un logement.
En 1905 la loi de séparation des Églises et de l’État est promulguée et les prêtres ne sont plus rémunérés par l’état : Extrait de l’article 2
"La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte. En conséquence, à partir du 1er janvier qui suivra la promulgation de la présente loi, seront supprimées des budgets de l'Etat, des départements et des communes, toutes dépenses relatives à l'exercice des cultes."
Tous les presbytères construits avant cette date sont confisqués par l’État et sont à la charge des communes tant qu’un ou plusieurs prêtres en ont l’usage. Les paroisses (donc le clergé) payent les charges de fonctionnement et l’entretien courant mais ne financent pas les travaux de restauration qui incombent aux mairies.
Le "vieux" presbytère sous l'Ancien Régime
On ignore la date de sa construction mais on sait qu’en 1694, il existait déjà et avait échappé à un incendie. Deux documents en témoignent.
Une note en bas d’un registre paroissial, le texte n’est pas totalement lisible mais l’essentiel y est :

La nuit d’entre le 20e et 21e janvier 1694 le feu prit à la maison de Jean Le Tellier environ minuit. Laquelle fut entierement bruslée et consumée avec quantité de grain et [ illisible ]. Et on estime la perte à 4000 lt L’esglise fut en grande risque d’estre brusler avec la maison presbiterale. Et sans le bon secours des bourgeois tout Lalobbe auroit esté brusler jusqu’à la rue de Signy.
Un extrait de la chronique de Pierre Marandel confirme cet incendie de 1694 et l'emplacement du "presbitaire" en 1723 ainsi que la construction du pont au dessus du ruisseau de St Nicolas.


NB : Monsieur Canot était alors le seigneur de Lalobbe et possédait le Château

En 1747, le presbytère a besoin de réparations, elles se feront au frais de la paroisse de Lalobbe, alors qu’elles étaient à la charge de la succession du curé, Mr Lepage décédé le 27 mai de la même année.
Le nouveau curé Mr Carbon s’adresse au tuteur des enfants Damart, neveux et héritiers du curé Lepage.
« J ay l'honneur de vous mander Monsieur que concurant au bien des mineurs j ay obtenu de Mr Lintendant que la reparation du presbyterre se feroit au depend des habitants, quoyque suivant l'advis des personnes au faitte, la succession de Mr Lepage en etoit tenue »
Parmi les documents afférents à cette succession, on a un descriptif des meubles et biens du curé mais aucun du presbytère. Voir publication La succession du curé Lepage
En 1774, le curé de Lalobbe ne répond pas précisément au questionnaire sur l'état des paroisses du diocèses de Reims ; toutefois il se plaint de l'état du presbytère qui est "en mal ordre" et indique qu'il bénéficie d'un "moyen jardin contigu".

« Il ÿ a un presbitere à portée de l’eglise fort ancien et mal en ordre et un moÿen jardin contigu. »
La vente du "vieux" presbytère comme bien national
Le 10 nivose de l’an 5, (30 décembre 1796), le presbytère est mis en vente en tant que bien national.

« Le batiment du cidevant(*) presbytere de Lalobbe, consistant en une carcasse construite en bois sur un solement(*) de pierre, couvert d’ardoises, sans plancher ni escalier,ni portes ni fenêtres ; avec une cour en avant et un jardin contenant ensemble environ trente verges(*) ; le tout tenant du levant et du midy au C. Cornet, d’autre à la riviere, et appartenant au Domaine national en vertu de la Loi du 15 may 1791 ».
(*) ci-devant :précédemment, autrefois, jadis
(*) solement : soubassement, fondation
(*) verge : ancienne unité de mesure
Quelques mois avant la vente, une estimation de la valeur du presbytère avait été faite le premier jour complémentaire de l’an 4 (17 septembre 1796). L’habitation est dans un état pitoyable. Probablement, le presbytère avait-il subi les pillages et saccages fréquents durant les années de la révolution. Le plancher, les solives, les escaliers, les portes, les fenêtres, la cheminée ont disparu ; le torchis des murs est absent. Au vu de cet état de délabrement, l’estimation n’est que de 660 livres tournois alors que le jardin est estimé à 660 livres. Claude Antoine Baudelot, avocat à Mézières, achète le presbytère et le jardin
Extrait de l'estimation du presbytère cote Q 497 (AD08)
« Etant à Lalobbe canton dudit Vuasigny parvenu sur la cour audevant du cidevant presbitaire dudit lieu et apres avoir examiné l'état des batiments diceluy, les matieres de construction la longueur et largeur et hauteur dudit batiment l'emplacement, distributions, sa cloture et accès et mesuré le terrain qui en depend.Somme d'avis que ledit batiment construit en bois en tout son contenu porté sur un solement de pierre dans lequel il ni a ni doublau(solive) ni planché tant en haut qu'en bas point d'escallier, sans porte ni croisée(fenêtre), ni cheminée nous y avons trouvé une cave commune sans escalier nous avons également reconnu que le polittiage(*) n'est ni guindé(*) ni rempli, nous avons reconnu qu'il(le bâtiment) etoit couvert en ardoises sur feuilleret, que nous estimons valoir de revenu sur le pied de 1790 à trente cinq livres à cause de sa localité(*) lequel multiplié par dix huit fois au terme de la loy donne un capital de six cent trente livres cy.....630 ltNous avons ensuitte mesurer le jardin et labour qui est audevant dudit batiment au midy, contenant ensemble trente verges mesure du païs, La totalité tant du jardin cour et batiment tenant du midy audit Cornet soumissionnaire d'autre à la rivière, budant du levant à la rivière et d'autre à la rue que nous estimons en revenu à trente livres qui multiplié par vingt deux donne un capital de six cent soixante francs cy.....660 ltTotal ..................1290 lt »

(*) Polittiage : peut-être postelage, c'est à dire un ensemble de poteaux servant à monter les murs en torchis
(*) Guindé : perché, c'est à dire mis en position.
(*) Localité : Circonstances locales, particularités qui sont attachées à un lieu.
Pénurie de logement pour les curés (1796-1828)
Il n'y a donc plus de presbytère pour accueillir le curé lorsque la liberté de culte est rétablie.
Deux curés exercent à Lalobbe, en 1803, le prêtre Deliart réside dans une maison qu'il possède dans le village"La seule raison d’une propriété, qui emporte la plus grande partie de ma fortune, m’attache à cette paroisse", (extrait d'un courrier adressé à l'évêché de Metz dont dépendait la paroisse de Lalobbe) et Jean Baptiste Willemet qui vit dans la maison paternelle jusqu'à l'incendie de celle-ci en 1802.
Dans le procès verbal de visite de l'église paroissiale en 1803, la municipalité promet d'améliorer le quotidien du curé :
"Le corps municipal a dit qu'il aviseroit aux moyens de fournir à la subsistance du desservant et de lui fournir un logement convenable"
Toutefois deux ans plus tard, dans un courrier de janvier 1805 adressé à l'évêque de Metz, le curé Willemet fait remarquer :
"J'ai fourni a l'église le pain, le vin, les linges sans que la commune y contribue en rien, pas meme pour l'indemnité de mon logement qu'on m' avoit promis et que je ne peux obtenir malgré une petition que j'ai presenté à la sous préfecture"
Fin1805, il perçoit enfin une indemnité de logement :
"Je vous observe donc que depuis les habitants de Lalobbe ont fait des efforts [...] et m'ont attribué une somme pour indemnité de logement"
Dans l'enquête de 1807 réalisée par l'évêché de Metz, le curé Willemet déplore une situation qui perdure :"point de presbitere qui a été vendu à demolition, point de jardin. La maison que j'habite m'appartient et point de local pour en construire ; il seroit meme impossible de trouver une maison pour servir de presbitere". Après l'incendie de sa maison paternelle en 1802, on ignore où vit le curé Willemet peut-être dans la maison de son frère où il décèdera en 1838.
Le presbytère qui était en ruine au moment de la révolution française a été vraisemblablement démoli, comme on pourra le constater dans ce qui suit.
"Le Renouveau" du presbytère
En 1822, la veuve et la fille du sieur Baudelot, (l'acquéreur du bien national), vendent leur maisons et terrain situés en partie sur l'emplacement du "vieux" presbytère.
Mr Guillaume François Durand de Prémorel, chevalier de l'ordre Royal militaire de Saint Louis, garde général des eaux & forêts et son épouse Joséphine Françoise Henriette de Régnier les achètent pour 2 250 francs
Extrait de la vente Me Cailteaux cote 3E35 90 (AD08)
Pardevant nous Pierre Cailteaux, notaire Royal, à la résidence de Wasigny, y demeurant...... Fut présent Mr Nicolas Simon Brouhet-Dennequin, propriétaire, demeurant au dit Wasigny, au nom & comme fondé de la procuration générale & spéciale de Dame Amélie Joséphine Roze, [...] veuve de M. Claude Antoine Baudelot, la dite dame [...] se portant fort pour Dame Aimée Thérèse Baudelot, sa fille [...] Vend, cède, quitte & transporte avec promesse de garantir de tous troubles,[...] A Monsieur Guillaume François Durand de Premorel, chevalier de l'ordre royal militaire de Saint Louis, garde général des Eaux & forêts & à Demoiselle Joséphine Françoise Henriette de Regnier son épouse [...] Le fond, très fond & superficie 1° d'une maison, jardin & dépendance situés audit Lalobbe, derrière l'Eglise, front tenant(*) sur la rue au couchant où la dite maison a son entrée, donnant sur le jardin, qui en dépend au levant, budant(*) d'un bout du midi au clos de Mr Champagne, d'autre du nord au jardin de l'ancien presbytère, l'ensemble du jardin étant derrière la dite maison, royés(*) du midi (au sud) le clos de la Champagne, d'autre du nord au jardin de l'ancien presbytère, budant(*) d'un bout à la dite maison & d'autre à la rivière, entouré des deux côtés de haies vives. Le Corps de logis de la dite maison, contient trois places basses, cave au dessous, chambres & grenier au dessus, attenant est une remise & écurie ; à l'entrée du jardin est un bâtiment servant de fournil avec cabinet au dessus. 2° le terrain au nord de la dite maison, où était autrefois le presbytère, l'ensemble de la chenevière(*) qui est entre le dit terrain & la rivière, au nord & au midi qui servait autrefois de jardin audit presbytère. Tout ce qui dans le corps de logis & bâtiment ci dessus vendus qui sont actuellement occupés par la Veuve de Jean Baptiste Cornet sa femme de Lalobbe, est à demeure fixé ou tient à cloux, crochets, visse ou ecroux, fait partie de la presente vente.[...] Attestant et fait & consenti en outre moyennant la somme de deux mille deux cent cinquante francs de principal [...] La propriété susvendue provient : 1° pour moitié à Madame Godart, comme commune en bien avec Mr Baudelot, qui l'avait acquise du sieur Jean Baptiste Cornet, jardinier & aubergiste et de Marie Cécile Mellier sa femme de Lalobbe suivante vente à Renwez? reçu devant le dit Mr Bourdier, notaire à Mézières présent témoins, le quatorze novembre mil huit cent six, [...] & l'autre moitié à Madame Poupart comme seule et unique héritière de Mr Baudelot, son père. [...] Fait & passé à Wasigny, au Chateau, .....l'an mil huit cent vingt deux le premier décembre .....
(*) Front tenant : ayant la façade
(*) Budant : touchant à
(*) Royé : Séparé par une limite, borne de la propriété de qqn
(*) Chenevière : Champ où l'on cultive le chanvre

Le 28 février 1829, les époux Prémorel vendent leur précédente acquisition pour 3984 francs à la commune de Lalobbe qui avait été autorisée par une ordonnance royale délivrée le 28 janvier 1829 à faire cet achat pour y établir le presbytère et à financer l'opération par une imposition extraordinaire d'une durée de six ans à compter de l'année 1830.
Deux experts, un géomètre arpenteur et un charpentier dressent un plan, donnent une description des biens vendus et en font l'estimation.
A consulter ci-dessous pour plus de précisions
Descriptif et estimation des biens extrait de la vente Me Cailteaux cote 3E35 96 (AD08)
L'an 1828 et le treize du mois de Mai nous soussigné 1° Pierre Nicolas Constant, arpenteur géomètre, dûement patenté n°3 à Herbigny et moi y demeurant, expert choisi par M. Godart, Maire de la commune de Lalobbe, d'une part, 2° Jean Baptiste Tossier, charpentier-journalier, demeurant audit Lalobbe, autre expert, choisi par Me Durand de Prémorel, garde général des Eaux & Forêts en résidence dans le département des Ardennes, présentement domicilié audit Lalobbe, d'autre part; Etant réunis ensemble lieudit le Village de Lalobbe les requérants nous ont déclaré qu'il s'agissait d'abord de lever le plan figuratif des bâtiments, cour & jardin que Mr Durand de Prémorel se propose de vendre au profit de cette commune de Lalobbe à prendre dans une plus grande pièce, la partie au midi tenant de cet aspect à M. Champagne de Reims et autres avec la haie vive de ce côté longeant le jardin qui en dépend, et vers le nord au surplus de la pièce, limitée sur laquelle ligne à partir vers couchant du mur de G allant vers H à treize décimètres de largeur et tombant vers levant en ligne droite au point I à quatre mètre quatre décimètres du mur de l'angle nord-est de J, aussi à treize décimètres de distance dudit mur de cet angle, et duquel point I en descendant au point N sur la rivière directement et parallèlement à sept décimètres de distance du milieu d'une ligne de petits arbres fruitiers, d'un bout vers levant à la rivière de Vaux, non comprise et du couchant au chemin qui descend au moulin et dont les détails sont indiqué au plan figuratif d'autre part, Ensuite, lesquels requérants nous ont chargé de l'estimation de chaque objet compris audit plan, à quoi procédant d'un commun accord avec la désignations particulières des figures indicatives ci-contre ont obtient ce qui suit : A représent le clocher de la commune de Lalobbe B indique une petite cour d'un mètre de largeur au point H C petit bâtiment en nature de toit à porcs et poulailler, construit en bois et pierre et couvert en chaume de deux mètre un tiers de poteau avec un prolongement de mur de quatre mètres de longueur tendant vers le point H, et au autre mur de deux mètres de hauteur faisant la séparation au midi de D ci-après, estimé ensemble 80.00 D un espace de bâtiments de trois mètres un tiers de poteau, construit en bois et couvert en ardoises, en nature d'écurie au rez de chaussée et grenier au-dessus, estimé six cent cinquante francs, ci 650.00 E un autre espace de bâtiment y contigu, de même hauteur, construction et toiture, en nature de chambre & cabinet au rez de chaussée et grenier au dessus 750.00 F Un autre espace de bâtiment, des mêmes hauteurs, constructon et couverture en nature de cuisine au rez de chaussé et grenier au comble, prenant entrée sur le cour cotée B, et ayant jour et sortie sur le parterre côté J, estimée 500.00 G un quatrième espace de bâtiment formant même ligne et de pareilles hauteurs, construction et couverture, en nature de chambre au rez de chaussée cave au dessous, grenier et cabinet au comble pour la domestique, estimé 1 000.00 J Parterre d'un are cinquante centiares, représentant trois verges et demie ancienne mesure locale dite du Vermandois, limité au nord et au levant par des murs d'un mètre et demi de hauteur, régnant avec l'élévation de ce terrain duquel on descend au jardin côté R ci-desous par l'escalier figuré, estimé 50.00 K Petit bâtiment de quatre mètres de hauteur, aussi construit en bois et couvert en ardoises, en nature de fournil au rez de chaussée, avec un joli cabinet au dessus 450.00 L Autre petit bâtiment y tenant, de deux mètres de hauteur, également construit et couvert, en nature de latrine, estimé 40.00 R Enfin le jardin de la contenancde de douze ares, représentant vingt sept verges quatre vingt seize centieme, ancienne mesure locale estimé 464.00 y compris le puits côté M total 3984.00 Ainsi fait, clos et arrêté le présent procès verbal d'expertise en présence des requérants, par nous experts sus nommés à la somme de trois mille neuf cent quatre vingt quatre francs, tous frais résultant de cette vente compris pour le compte des vendeurs A Lalobbe le 15 mai 1828


Durant près d'un siècle, les curés de Lalobbe retrouvent enfin leur maison presbytérale et y résident successivement jusqu'après la première guerre mondiale.
Voici ce qu'on peut lire en 1886 dans la nécrologie d'un des curés, l'abbé Laurent qui exerça à Lalobbe de 1834 à 1868 :

La commune consacre une petite partie de son budget à l'entretien courant du presbytère et réalise de temps à autres, quelques grosses réparations comme en 1869 pour 760 frs financés par une participation de la Fabrique, une subvention et une imposition extraordinaire (encore une !!!), en 1879 pour 1024 frs et en 1890 pour 344 frs.
La photo ci-dessous a été prise dans le jardin du presbytère vers 1905, ma grand mère Germaine Lemoine est la première à gauche (avec un noeud dans les cheveux), la fillette assise au milieu de la photo serait Madeleine Barlat, la mère de Jean Danton (sous toute réserve), les deux autres fillettes assises semblent êtres des soeurs (même coiffure, même robe). Les fillettes jouent au domino sous la surveillance de Melle Brion, la bonne du curé. A cette époque les enfants fréquentaient le "patronage". (Œuvre qui donnait une formation morale aux enfants et organisait leurs loisirs en leur proposant des activités éducatives distrayantes.

La commune se sépare de son presbytère

Faute de pouvoir financer les réparations nécessaires à la remise en état du bâtiment qui est alors désaffecté depuis plusieurs années, la commune le vend par adjudication publique le 20 septembre 1925 avec une mise à prix de 3500 frs ; Louis Célestin Cacheur, tailleur d'habits de Charleville remporte l'enchère qui se monte à 7350 frs.
Quelques mois plus tard, Louis Célestin Cacheur et son épouse Louise Rose Fossier, revendent, pour seulement 5 000 frs, le presbytère à Léon Jacob, mécanicien à la compagnie des chemins de fer départementaux (le "petit train") et à son épouse Zilda Coillot ; le couple finance l'opération par un prêt que leur consent Auguste Peltier-Marandel de Rogiville.
(6000 frs sous forme d'obligation au taux de 8% l'an, remboursable au plus tard le 30 décembre 1931 garantie par l'hypothèque des biens de Léon et Zilda Jacob, terres, prés et maisons) .
On ne peut pas dire que Mr&Me Cacheur-Fossier firent l'affaire du siècle puisqu'ils revendirent 5000 frs, un bien acheté 7350 frs !
La description de l'habitation est ainsi rédigée :
Désignation Une maison d'habitation, construite en bois et torchis, couverte en ardoise, ancien presbytère, comprenant : Au rez de chaussée : un corridor au milieu ; à gauche une cuisine avec escalier pour communiquer à une grande chambre ; à droite : escalier pour l'étage, deux chambres avec sortie sur un passage allant au jardin. A l'étage : un palier, deux chambres mansardées à gauche ; à droite : greniers Caves, remise à pompe au dessus Jardin d'environ vingt ares avec petit pavillon, baraques à lapins, cabinet d'aisances. Le tout sis à Lalobbe, place de l'Eglise, tient du nord le chemin, du midi la rivière et Jules Charles, du couchant Arsène Magotteaux et Danton.
Nota : Il est observé qu'il existe sur cette maison, une statue de la Vierge qui est reservée par la commune de Lalobbe .

Suite au décès du couple Jacob-Coillot, le partage des biens a lieu entre les héritiers ; la maison est divisée en deux parties, attribuées à deux des enfants du couple avec droit de passage dans le couloir de la maison pour accéder pour jardin.
Plus tard, Adèle Marie Denise Lambot,(*) l'épouse de Julien Arsène Pierret vécut dans ce qui fut l'ancien presbytère de Lalobbe.
(*) Pour ceux qui les connaissent, elle était la grand-mère paternelle de Jean, Violette, Claude et Martine Pierret.
Aujourd'hui, c'est la propriété de néerlandais, Anton et Karine, très impliqués dans la vie du village.
Le nouveau presbytère

L'ancien presbytère est délaissé depuis plusieurs années (sur le recensement de 1921, il est déclaré vacant) pour une maison située à l'entrée de la rue du Haut.
Marie Cécile Bordes de Sedan fait donation le 14 mars 1927, à l'Association Diocésaine de Reims, de cette propriété qu'elle possède à Lalobbe, sous réserve que l'habitation serve à un usage cultuel. Cette maison devient donc le nouveau presbytère. Le dernier curé de Lalobbe, l'abbé Henri Gilbert y résidera jusqu'à son décès le 1er mai 1959. Pâquerette Louis, ma mère, se souvient encore des projections de films que l'abbé Gilbert et le séminariste Henri Davesne y organisaient pour les enfants de Lalobbe.
Aujourd'hui en 2025, plus aucun prêtre n'est affecté à la paroisse de Lalobbe qui dépend maintenant de la Paroisse "Saint Claude sur Vaux et Thin", laquelle regroupe seize villages (Clavy-Warby, Dommery, Doumely-Bégny, Grandchamp, Justine-Herbigny, Herbigny, Lalobbe, Neufmaison, La Neuville-lès-Wasigny, Saint-Marcel, Giraumont, Sery, Signy-l’Abbaye, Librecy, Thin-le-Moutier et Wasigny).
Après le décès de l'abbé Gilbert, Henri Henrotin, un ancien légionnaire, neveu de l'abbé Gilbert vécut dans cette maison jusqu'en 1963, puis la famille Sciou et aujourd'hui en 2025, Madame Isabelle Camus y réside.
NB : Les textes sur fond blanc sont tirés des "Additions de Pierre Marandel à la chronique de Jean Taté " en ligne sur (Gallica Bnf en ligne)
Commentaires