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La Vaux, une rivière au fil du temps

Dernière mise à jour : 27 mars


Dans le cartulaire de l’Abbaye de Signy, figurent  de nombreuses attestations anciennes du nom de la Vaux, remontant aux XIIe et XIIIe siècles (Veel, Weel, Vituli)


Extrait d'un texte de 1228

[...], ex altera parte ripae de Weel usque ad aquam Dresiae sicut ipsa aqua Dresiae eadit in Veel


[...] d’autre part,  de la rive depuis la Weel jusqu'à l'eau de Dresia(Draize), comme l'eau de Dresia elle-même se jette dans le Veel [...]


Dès le 12ème siècle, les moines de Signy entreprirent des travaux de génie civil afin de domestiquer la Vaux et alimenter en eau les fontaines, bassins, vergers, potagers, ateliers, viviers... Voir Les Amis de l'Abbaye de Signy, Hydraulique cistercienne


La Vaux prend sa source dans la profondeur du massif forestier ardennais et coule du nord vers le sud pour se jeter dans l'Aisne, un peu en amont de Château-Porcien.


A proximité de Signy l'Abbaye, deux sources vauclusiennes alimentent ses flots irréguliers : la Fosse Bleue et le Gibergeon, ces deux résurgences lui apportent une eau froide issue d'un long parcours souterrain.


La Fosse Bleue ou Fosse à Vaux
La Fosse Bleue ou Fosse à Vaux
Le Gibergeon
Le Gibergeon

Les crues de la Vaux


Cette rivière connaît des crues brutales et soudaines entraînant d'importantes inondations

 

Ainsi, en 1720, une inondation à Lalobbe est relatée dans la chronique de Pierre Marandel. (Il est question de bâtiments appartenant à Letellier qui résidait près de l'église).



En 1804, le 17 Floréal An 12, Procès-verbal établi par le Juge de Paix de Wasigny :« Le déluge arrivé la nuit dernière a occasionné de grands ravages à Signy le Grand, Lalobbe et autres lieux. Informé que plusieurs personnes de Signy étaient péries dans les aux, le maire de Lalobbe a surveillé et a fait surveillé les deux côtés de la Vaux pour arrêter et faire mettre hors de l'eau les cadavres, meubles et effets descendant de Signy. »


En 1910, d'importantes inondations dans Signy l'Abbaye ont été immortalisées sur des cartes postales



Plus récemment, Lalobbe aussi a subi les débordements de la Vaux



Rôle économique de la Vaux


En dépit de sa longueur modeste, la Vaux suscita jadis une importante activité et en 1786, on imagina même utiliser son cours pour creuser un canal reliant l’Aisne à la Meuse, projet qui fut abandonné. Voir Revue Historique Ardennaise


Canalisation de la Vaux en vue du flottage du bois


Dès 1484, des travaux de canalisation de la Vaux furent entrepris pour faciliter le transport des bois et des matériaux.

1484 les premiers travaux sur la Vaux



1732 Travaux pour rendre la Vaux "naviguable"



Vers 1731, travaux de terrassement du canal de la Vaux à Château-Porcien



En 1732 et 1768, des opérations de flottage des bois destinés à la construction marine eurent lieu sur la Vaux. Ces tentatives furent couronnées de succès lorsque le flottage se faisait par train[1]. Il fut fait appel à des flotteurs[2] de Revin Toutefois, Le flottage à bois perdu[3] se solda par des échecs, les chênes s'enfonçaient dans l'eau et étaient perdus .

La technique du flottage utilisée aussi pour le bois de chauffage, notamment pour l'approvisionnement de Paris, se faisait moyennant redevance au profit des riverains (en raison des travaux d'élargissement) et des meuniers (chômage des moulins le temps du passage du bois).

Dans les registres paroissiaux de Lalobbe, on trouve la trace d'un de ces "flotteurs", Pierre Vaulet. Il se maria à Lalobbe le 27 mai 1735 avec Elizabeth Marie Godart et eut au moins cinq enfants nés dans la paroisse. Lors de son mariage, il est précisé qu'il est originaire de Revin et en 1740 à la naissance d'un de ses fils, il est désigné comme Maître flotteur. Il décéda à Hauteville le 3 février 1743


Le flottage du bois





Industries métallurgiques, le Hurtault et le Laitrou




Les Forges du Hurtault

Le Hurtault était l'un des plus importants établissements métallurgiques du département. Il fut créé en 1525 par Jean Regnesson, sur un terrain cédé par l'abbé de Signy à charge d'y établir une forge et un fourneau. Dès cette époque on y trouve : une forge à battre fer, fourneau, marteau et deux affineries. Exploité par la famille du fondateur durant le 16e siècle, il passe ensuite à Jean Robin, fermier général de l'abbaye cistercienne de Signy, en 1602, puis à son fils. A partir de 1670 et jusqu'en 1699, c'est Gérard Coulon qui afferme l'usine, ainsi que celle du Bois-Martin. Il fait d'ailleurs doubler le haut fourneau vers 1685. C'est au Hurtault que l'on fond de nombreuses munitions d'artillerie ainsi qu'une partie des tuyaux destinés aux fontaines du parc de Versailles. Au cours du 18e siècle, il conserve sa spécialité des fontes moulées et fournitures d'artillerie, notamment pour la compagnie des Indes. Lors de la Révolution, l'usine, vendue comme Bien National, est rachetée par les frères Desliars et Joseph Alexis Poulain, maître de forges de Boutancourt. Elle passe ensuite à Pierre Louis Hivert, puis est rachetée en 1806 par le grand maître de forges de Thiérache, Léopold Augustin Raux. Ce dernier fait, en 1812, une demande de maintien du Hurtault, qui comprend alors deux hauts fourneaux dans le même bâtiment, une forge, une batterie de boulets à deux marteaux, trois magasins aux fers, etc. L'ensemble était actionné par six roues hydrauliques. A la mort du propriétaire en 1815, l'usine passe à son petit-fils Augustin Barrachin qui l'exploitera jusqu'en 1883. Dans les années 1880, les deux fourneaux sont éteints et remplacés par deux cubilots pour faire de la fonte de seconde fusion. L'établissement fonctionnera en moulerie jusqu'au début du 20e siècle. Actuellement le site est reconverti en maison. De nos jours, subsistent la digue, des vestiges du bâtiment de la forge, ainsi que les coursiers d'eau et les cabinets qui contenaient l'eau et protégeaient les coursiers. Les restes du bâtiment des hauts fourneaux ont été détruits dans les années 1980. Mais il reste une superbe halle à charbon construite entre 1812 et 1832, dont la charpente doit remonter au 18e siècle. (Texte extrait du Portail Culture Patrimoine & Histoire en Grand Est) Pour plus de précision click sur Le Hurtault 





La Forge du Laidtrou


Forge connue par un seul texte tiré des additions de Pierre Marandel à la chronique de Jean Taté La forge n'a pas dû fonctionner très longtemps. On en trouve trace nulle part ailleurs. Sur le terrain, quelques scories attestent de son activité ainsi que le canal particulier, qui part du tunnel et rejoint la rivière, sur lequel devait se trouver la forge. La chute d'eau a été créée par le percement d'un canal à travers une colline qui permet de couper un grand méandre de la Vaux et d'avoir la force nécessaire pour faire marcher une forge. Ce canal sous la colline, qui existe encore, en partie éboulé, et les scories confirment la chronique et attestent du fonctionnement de l'établissement. (Texte extrait du Portail Culture Patrimoine & Histoire en Grand Est)


Les Moulins


Installés au fil de la rivière, on en dénombrait dans tous les villages que traverse la Vaux, Librecy, Signy-l'Abbaye, Lalobbe, la Neuville les Wasigny, Wasigny, Justine-Herbigny, Ecly. Celui de Lalobbe existait déjà en 1211 comme rapporté dans un extrait du cartulaire de l'Abbaye de Signy relatif aux donations faites par Guillaume de Jandun.

[...]elemosinam etiam de sextario frumenti apud molendinum Lobiae a Patre suo Wilelmo factam pro hostiis faciendis[...]

Traduction :

[...]ainsi que l'aumône d'un setier de froment au moulin de Lalobbe, fait par son père Guillaume, pour faire les hosties[...}

Ce moulin comme d'autres de la vallée de la Vaux fut transformé en usine électrique vers 1910 avant de disparaître définitivement. Aujourd'hui, seul le Moulin St Pierre de Signy l'Abbaye est encore en activité.


Les Filatures


Créées au milieu du 19ème siècle, il en existait trois à Signy l'Abbaye, une à Lalobbe, la Neuville les Wasigny et Ecly, deux à Wasigny, la plupart cessèrent leur activité au début du 20ème siècle. Celle de Lalobbe fut transformée en usine de ferronnerie, quincaillerie en 1912 qui ferma définitivement en 1966, c'est aujourd'hui ce qu'on appelle une friche industrielle.



Une faune extraordinaire ....Mais où sont les truites ?


Le Petit Ardennais 6/7/1923

[1] Le flottage par trains, qui se fait surtout dans les rivières consiste à former des radeaux composés de pièces de bois placées les unes à côté des autres et fixées à des perches transversales.

[2]Flotteurs : Les trains de bois étaient conduits par des maîtres-flotteurs assistés par des apprentis flotteurs ou des manœuvres. Le conducteur de flotte se tenait à l’aviron à l’avant et un second flotteur l’aidait avec la rame arrière. Parfois des flotteurs latéraux travaillaient avec des gaffes ou des grandes perches.

[3]Le flottage à bois perdu consiste à abandonner au courant de l'eau les pièces isolément. Ce procédé ne s'emploie guère que pour de petites pièces de bois et lorsque l'on a à sa disposition des ruisseaux assez fournis d'eau. Quelques ouvriers disséminés sur les rives, de loin en loin, suffisent pour remettre dans le courant les pièces qui auraient été arrêtées par un obstacle.

Liens pour accéder aux divers ouvrages auxquels cette publication fait référence(click sur la zone soulignée en vert) :

Essai historique sur Rozoy-sur-Serre et les environs : comprenant une grande partie de la Thiérache et du Porcien et quelques communes du Laonnois p387-388 tome 2

  Chronique de Jean Taté (1677-1748), greffier de l'hôtel-de-ville de Château-Porcien . Suite des choses les plus remarquables arrivées à Château-Porcien, Rethel et lieux circonvoisins, principalement du XVIe au XVIIIe siècle, document inédit, publié sur la copie faite par Nicolas Baudet en 1750, avec une introduction par Henri Jadart, secrétaire général de l'Académie de Reims (25 septembre 1888)  p102 et 103 et p 28

 Chronique de Pierre Marandel ou les Additions de Pierre Marandel à la chronique de Jean Taté p121

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