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catherinepaulus

La Vaux, une rivière au fil du temps

Dernière mise à jour : 20 oct.


Dans le cartulaire de l’Abbaye de Signy, figurent  de nombreuses attestations anciennes du nom de la Vaux, remontant aux XIIe et XIIIe siècles (Veel, Weel, Vituli)


Extrait d'un texte de 1228

[...], ex altera parte ripae de Weel usque ad aquam Dresiae sicut ipsa aqua Dresiae eadit in Veel


[...] d’autre part,  de la rive depuis la Weel jusqu'à l'eau de Dresia(Draize), comme l'eau de Dresia elle-même se jette dans le Veel [...]


Dès le 12ème siècle, les moines de Signy entreprirent des travaux de génie civil afin de domestiquer la Vaux et alimenter en eau les fontaines, bassins, vergers, potagers, ateliers, viviers... Voir Les Amis de l'Abbaye de Signy, Hydraulique cistercienne


La Vaux prend sa source dans la profondeur du massif forestier ardennais et coule du nord vers le sud pour se jeter dans l'Aisne, un peu en amont de Château-Porcien.


A proximité de Signy l'Abbaye, deux sources vauclusiennes alimentent ses flots irréguliers : la Fosse Bleue et le Gibergeon, ces deux résurgences lui apportent une eau froide issue d'un long parcours souterrain.


La Fosse Bleue ou Fosse à Vaux
Le Gibergeon

Les crues de la Vaux


Cette rivière connaît des crues brutales et soudaines entraînant d'importantes inondations

 

Ainsi, en 1720, une inondation à Lalobbe est relatée dans la chronique de Pierre Marandel. (Il est question de bâtiments appartenant à Letellier qui résidait près de l'église).



En 1804, le 17 Floréal An 12, Procès-verbal établi par le Juge de Paix de Wasigny :« Le déluge arrivé la nuit dernière a occasionné de grands ravages à Signy le Grand, Lalobbe et autres lieux. Informé que plusieurs personnes de Signy étaient péries dans les aux, le maire de Lalobbe a surveillé et a fait surveillé les deux côtés de la Vaux pour arrêter et faire mettre hors de l'eau les cadavres, meubles et effets descendant de Signy. »


En 1910, d'importantes inondations dans Signy l'Abbaye ont été immortalisées sur des cartes postales



Plus récemment, Lalobbe aussi a subi les débordements de la Vaux



Rôle économique de la Vaux


En dépit de sa longueur modeste, la Vaux suscita jadis une importante activité et en 1786, on imagina même utiliser son cours pour creuser un canal reliant l’Aisne à la Meuse, projet qui fut abandonné. Voir Revue Historique Ardennaise


Canalisation de la Vaux en vue du flottage du bois


Dès 1484, des travaux de canalisation de la Vaux furent entrepris pour faciliter le transport des bois et des matériaux.

1484 les premiers travaux sur la Vaux

1732 Travaux pour rendre la Vaux "naviguable"

Vers 1731, travaux de terrassement du canal de la Vaux à Château-Porcien

En 1732 et 1768, des opérations de flottage des bois destinés à la construction marine eurent lieu sur la Vaux. Ces tentatives furent couronnées de succès lorsque le flottage se faisait par train[1]. Il fut fait appel à des flotteurs[2] de Revin Toutefois, Le flottage à bois perdu[3] se solda par des échecs, les chênes s'enfonçaient dans l'eau et étaient perdus .

La technique du flottage utilisée aussi pour le bois de chauffage, notamment pour l'approvisionnement de Paris, se faisait moyennant redevance au profit des riverains (en raison des travaux d'élargissement) et des meuniers (chômage des moulins le temps du passage du bois).

Dans les registres paroissiaux de Lalobbe, on trouve la trace d'un de ces "flotteurs", Pierre Vaulet. Il se maria à Lalobbe le 27 mai 1735 avec Elizabeth Marie Godart et eut au moins cinq enfants nés dans la paroisse. Lors de son mariage, il est précisé qu'il est originaire de Revin et en 1740 à la naissance d'un de ses fils, il est désigné comme Maître flotteur. Il décéda à Hauteville le 3 février 1743


Le flottage du bois


 

Industries métallurgiques, le Hurtault et le Laitrou




Les Forges du Hurtault


La Forge du Laidtrou

 

Les Moulins


Installés au fil de la rivière, on en dénombrait dans tous les villages que traverse la Vaux, Librecy, Signy-l'Abbaye, Lalobbe, la Neuville les Wasigny, Wasigny, Justine-Herbigny, Ecly. Celui de Lalobbe existait déjà en 1211 comme rapporté dans un extrait du cartulaire de l'Abbaye de Signy relatif aux donations faites par Guillaume de Jandun.

[...]elemosinam etiam de sextario frumenti apud molendinum Lobiae a Patre suo Wilelmo factam pro hostiis faciendis[...]

Traduction :

[...]ainsi que l'aumône d'un setier de froment au moulin de Lalobbe, fait par son père Guillaume, pour faire les hosties[...}

Ce moulin comme d'autres de la vallée de la Vaux fut transformé en usine électrique vers 1910 avant de disparaître définitivement. Aujourd'hui, seul le Moulin St Pierre de Signy l'Abbaye est encore en activité.


 

Les Filatures


Créées au milieu du 19ème siècle, il en existait trois à Signy l'Abbaye, une à Lalobbe, la Neuville les Wasigny et Ecly, deux à Wasigny, la plupart cessèrent leur activité au début du 20ème siècle. Celle de Lalobbe fut transformée en usine de ferronnerie, quincaillerie en 1912 qui ferma définitivement en 1966, c'est aujourd'hui ce qu'on appelle une friche industrielle.



 

Une faune extraordinaire ....Mais où sont les truites ?


Le Petit Ardennais 6/7/1923

 

[1] Le flottage par trains, qui se fait surtout dans les rivières consiste à former des radeaux composés de pièces de bois placées les unes à côté des autres et fixées à des perches transversales.

[2]Flotteurs : Les trains de bois étaient conduits par des maîtres-flotteurs assistés par des apprentis flotteurs ou des manœuvres. Le conducteur de flotte se tenait à l’aviron à l’avant et un second flotteur l’aidait avec la rame arrière. Parfois des flotteurs latéraux travaillaient avec des gaffes ou des grandes perches.

[3]Le flottage à bois perdu consiste à abandonner au courant de l'eau les pièces isolément. Ce procédé ne s'emploie guère que pour de petites pièces de bois et lorsque l'on a à sa disposition des ruisseaux assez fournis d'eau. Quelques ouvriers disséminés sur les rives, de loin en loin, suffisent pour remettre dans le courant les pièces qui auraient été arrêtées par un obstacle.

 

Liens pour accéder aux divers ouvrages auxquels cette publication fait référence(click sur la zone soulignée en vert) :

Essai historique sur Rozoy-sur-Serre et les environs : comprenant une grande partie de la Thiérache et du Porcien et quelques communes du Laonnois p387-388 tome 2

  Chronique de Jean Taté (1677-1748), greffier de l'hôtel-de-ville de Château-Porcien . Suite des choses les plus remarquables arrivées à Château-Porcien, Rethel et lieux circonvoisins, principalement du XVIe au XVIIIe siècle, document inédit, publié sur la copie faite par Nicolas Baudet en 1750, avec une introduction par Henri Jadart, secrétaire général de l'Académie de Reims (25 septembre 1888)  p102 et 103 et p 28

 Chronique de Pierre Marandel ou les Additions de Pierre Marandel à la chronique de Jean Taté p121

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