Le monument aux morts de Lalobbe
- catherinepaulus
- 4 avr.
- 11 min de lecture
Dernière mise à jour : il y a 7 jours
En août 1914, 3 780 000 hommes sont mobilisés ; au total, durant toute la guerre, environ 8 410 000 soldats et marins français furent mobilisés. La guerre de 1914-1918 a marqué les mémoires par l’ampleur des pertes : 18 % au moins des incorporés de l’armée française furent tués, soit 1,5 million de morts (plus de 900 morts par jours). Près de 36 % de ceux qui avaient entre 19 et 22 ans en 1914 sont morts. Cependant, de nombreux historiens et militaires, dont des experts militaires, évoquent au moins 2 millions de morts.
Dès la fin de la Grande Guerre, les monuments aux morts envahissent le paysage communal et deviennent un point de ralliement des mémoires individuelles et familiales de la guerre. Les familles endeuillées qui ne purent récupérer les dépouilles de leur défunt matérialisèrent cette sépulture lointaine ou inexistante à travers le monument aux morts.
Entre 1920 et 1925, 35 000 monuments aux morts furent érigés. Un véritable maillage mémoriel fut ainsi mis en place sur tout le territoire national sous l'impulsion des anciens combattants, qui formaient alors 90 % des hommes de 20 à 50 ans en France.
A Lalobbe, les budgets de la commune de 1920 à 1922 prévoient la construction du monument avec entourage pour lequel 2265 francs sont budgétés ainsi que 200 francs pour les frais d’inauguration. Le monument a été érigé entre 1922 et 1923.

Le monument se dresse non loin de la mairie sur la place, au côté gauche de l’Eglise. Il est d’un style « classique » et « civique » caractérisé par son dépouillement.
Au sommet du monument la croix de Guerre, elle rappelait pour les catholiques la croix, mais était pour tous une décoration, un honneur officiel rendu aux combattants (médaille remise aux soldats valeureux).
Une inscription affirme la reconnaissance de la commune, du pays pour le sacrifice des soldats : « Aux enfants de Lalobbe morts pour la patrie ».
Sur la stèle figure à gauche des dates de la première guerre mondiale une palme, symbole du martyre. Elle représente la mort.
La Liste des morts : Les noms des soldats sont inscrits par ordre alphabétique. (Ceux de la deuxième guerre mondiale figurent sur le côté droit du monument)
La clôture ou jardinet : Une grille de petite hauteur délimite le lieu de commémoration des morts. Seul le maire ou les anciens combattants, à la rigueur les innocents enfants des écoles, peuvent prétendre pénétrer cette parcelle de sol désormais sacrée.
Depuis la loi du 24 octobre 1922, le 11 novembre est un jour férié. Chaque année, le conseil municipal, les enfants des écoles, les anciens combattants et la population rendent hommage aux morts de la commune. Il est traditionnellement respecté deux minutes de silence à 11 h, le 11e jour du 11e mois : c'est à ce moment que l'armistice a été rendu effectif.
Au fil du temps, le monument a été entretenu, réparé, rénové.
Ainsi en mai 1944, lors de la libération, un char américain brise la grille du monument aux morts. Elle est remplacée seulement en juillet 1951, la commune avait très certainement d’autres priorités en cette période d’après-guerre. Ce sont les Ets Lejay fils (l’usine de Lalobbe) qui ont forgé ce nouvel entourage.


En 1974 et 1989, il y avait encore une haie de thuyas entourant le monument sur trois côtés.

En 2008, la haie n'existe plus, un dallage a été installé devant le monument, la grille est toujours présente.
En mai 2019, on a procédé à la rénovation du monument aux morts avec la pose de nouvelle plaques en granit gravées à la feuille d'or. Les travaux ont été réalisés par l’entreprise multi-services Joffrey Lemaire de Signy l’Abbaye, spécialisée dans la gravure funéraire et fantaisiste. La grille a été enlevée.

Qui étaient ces 16 hommes tués durant la première guerre mondiale ?
Le plus jeune avait 23 ans et le plus âgé 43 ans ; la majorité était âgé d’une trentaine d’années. Ils habitaient à Lalobbe ou étaient originaires de Lalobbe. Quatre mois après la mobilisation générale, le 22 novembre 1914, le village enregistre le premier décès d’un de ses « enfants » Charles Coillot âgé de 32 ans, le dernier, « mort pour la France » fut Victor Aimé Faveaux le 9 octobre 1918.
Quelles étaient leur profession ?
Ils étaient cultivateur, manouvriers domestique de culture, terrassier, employé de commerce, camionneur, boulanger, instituteur, ajusteur, chauffeur au chemin de fer, courtier en timbres postes, douanier.
Et leur famille ?,
Sur les dix soldats qui étaient mariés, six laissèrent des orphelins âgés entre 3 et 10 ans au moment du décès de leur père.
Où ont-ils perdu la vie ?
Pour la majorité, sur les champs de bataille, bataille de Verdun, le Chemin des Dames lors de l’offensive de Nivelle, la bataille des monts de Champagne, la bataille de la Somme, la bataille de Picardie. Seulement deux soldats sont décédés à l’hôpital.
Où sont-ils inhumés ?
Quelques uns ont disparu sur les champs de bataille, d’autres sont inhumés dans des cimetières militaires Quelques uns reposent au cimetière de Lalobbe
Si vous souhaitez en savoir un peu plus sur chacun d’entre eux, consulter les rubriques ci-dessous.
René Victor Arbonville (31 ans)
Paul Alfred Brick (33 ans)
Simon Henri Back (40 ans)
Charles Coillot (32 ans)
Pierre Alfred Catrin (39 ans)
Auguste Edmond Damerose (40 ans)
Victor Aimé Faveaux (43 ans)
Charles Auguste Jacob (31 ans)
Joseph Henri Paul Jacquemain (35 ans)
Auguste René Lemoine (25 ans)
Emile Henri Linsart (23 ans)
Henri Constant Maquet (29 ans)
Les frères Auguste Henri Mouny et Albert Jean Louis Mouny (34 et 35 ans)
Emile Aimé Richard (24 ans)
Albert Anselme Satabin (36 ans)
Deuxième guerre mondiale
Quatre soldats figurent sur le monument aux morts

Paul Albri
Jean Bonnicke
Alfred David
Roger Legros
Berenger Morin
Paul Albri (38 ans) cultivateur, il est mort de maladie le 8 août 1943, prisonnier de guerre à Hambourg (Allemagne)
Jean Henri Bonnicke (34 ans) était lieutenant. Le 20 août 1944, il reçoit la croix de guerre : "Jeune officier plein d'allant, a fait preuve au cours de plusieurs engagements, d'un grand courage et de sang froid, particulièrement lors du bombardement du 14 août 1944". Il a été tué par balle à Flin (Meurthe et Moselle) le 25 septembre 1944. Par décret du 11 mars 1947, il a reçu la médaille de la résistance française à titre posthume. Il est enterré au cimetière de Lalobbe (Ardennes).
Il était le fils de Joannes Emanuel Maria BONNIKE, né à Amsterdam en 1882, mort à Paris en 1968 et de Marcelle Marie Catherine Jacquemin (les parents de cette dernière, Joseph Jules Henri JACQUEMIN et Irma Zélie PARIS avaient acheté en 1920 le château de Lalobbe).

Alfred David (36 ans), originaire de la Sauge Aux bois, est mort en captivité à Nuremberg (Allemagne) le 29 août 1942
La bataille de France ou campagne de France désigne l'invasion des Pays-Bas, de la Belgique, du Luxembourg et de la France, par les forces du Troisième Reich de mai à juin 1940. L'offensive allemande débute le 10 mai 1940 mettant fin à la "drôle de guerre". Durant ces combats, deux soldats de Lalobbe furent tués.

Fernand Roger Laurent Legros (29 ans) était ouvrier boulanger en 1936. Natif de Rocquigny, époux de Lucienne Georgette Camuset, il est décédé des suites de ses blessures le 8 juin 1940 en Normandie à Heding-Hodenger (76).
Célestin Bérenger Alfred Morin (40 ans) cultivateur, époux de Marie Louis Guillemain est mort au combat à Saint Pol (62) le 20 mai 1940. Il laissa trois orphelins, Auguste (14 ans), Marie Louise (9 ans) et Léonie (12ans). C'est le grand père de Lydie, Nicole, Pascal et Laurence Morin.
Pour la première fois depuis 1922, le 11 novembre 2012 ne marque plus solennellement la seule célébration de la fin de la Première Guerre mondiale mais devient une journée d’hommage à tous les morts pour la France.
コメント