Le monument aux morts de Lalobbe
- catherinepaulus
- 4 avr.
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Dernière mise à jour : 17 mai
En août 1914, 3 780 000 hommes sont mobilisés ; au total, durant toute la guerre, environ 8 410 000 soldats et marins français furent mobilisés. La guerre de 1914-1918 a marqué les mémoires par l’ampleur des pertes : 18 % au moins des incorporés de l’armée française furent tués, soit 1,5 million de morts (plus de 900 morts par jours). Près de 36 % de ceux qui avaient entre 19 et 22 ans en 1914 sont morts. Cependant, de nombreux historiens et militaires, dont des experts militaires, évoquent au moins 2 millions de morts.
Dès la fin de la Grande Guerre, les monuments aux morts envahissent le paysage communal et deviennent un point de ralliement des mémoires individuelles et familiales de la guerre. Les familles endeuillées qui ne purent récupérer les dépouilles de leur défunt matérialisèrent cette sépulture lointaine ou inexistante à travers le monument aux morts.
Entre 1920 et 1925, 35 000 monuments aux morts furent érigés. Un véritable maillage mémoriel fut ainsi mis en place sur tout le territoire national sous l'impulsion des anciens combattants, qui formaient alors 90 % des hommes de 20 à 50 ans en France.
A Lalobbe, les budgets de la commune de 1920 à 1922 prévoient la construction du monument avec entourage pour lequel 2265 francs sont budgétés ainsi que 200 francs pour les frais d’inauguration. Le monument a été érigé entre 1922 et 1923.

Le monument se dresse non loin de la mairie sur la place, au côté gauche de l’Eglise. Il est d’un style « classique » et « civique » caractérisé par son dépouillement.
Au sommet du monument la croix de Guerre, elle rappelait pour les catholiques la croix, mais était pour tous une décoration, un honneur officiel rendu aux combattants (médaille remise aux soldats valeureux).
Une inscription affirme la reconnaissance de la commune, du pays pour le sacrifice des soldats : « Aux enfants de Lalobbe morts pour la patrie ».
Sur la stèle figure à gauche des dates de la première guerre mondiale une palme, symbole du martyre. Elle représente la mort.
La Liste des morts (en dessous de la palme) : Les noms des soldats sont inscrits par ordre alphabétique. (Ceux de la deuxième guerre mondiale figurent sur le côté droit du monument)
La clôture ou jardinet : Une grille de petite hauteur délimite le lieu de commémoration des morts. Seul le maire ou les anciens combattants, à la rigueur les innocents enfants des écoles, peuvent prétendre pénétrer cette parcelle de sol désormais sacrée.
Depuis la loi du 24 octobre 1922, le 11 novembre est un jour férié. Chaque année, le conseil municipal, les enfants des écoles, les anciens combattants et la population rendent hommage aux morts de la commune. Il est traditionnellement respecté deux minutes de silence à 11 h, le 11e jour du 11e mois : c'est à ce moment que l'armistice a été rendu effectif.
Au fil du temps, le monument a été entretenu, réparé, rénové.
Ainsi en mai 1944, lors de la libération, un char américain brise la grille du monument aux morts. Elle est remplacée seulement en juillet 1951, la commune avait très certainement d’autres priorités en cette période d’après-guerre. Ce sont les Ets Lejay fils (l’usine de Lalobbe) qui ont forgé ce nouvel entourage.


En 1974 et 1989, il y avait encore une haie de thuyas entourant le monument sur trois côtés.

En 2008, la haie n'existe plus, un dallage a été installé devant le monument, la grille est toujours présente.
En mai 2019, on a procédé à la rénovation du monument aux morts avec la pose de nouvelle plaques en granit gravées à la feuille d'or. Les travaux ont été réalisés par l’entreprise multi-services Joffrey Lemaire de Signy l’Abbaye, spécialisée dans la gravure funéraire et fantaisiste. La grille a été enlevée.

Qui étaient ces 16 hommes tués durant la première guerre mondiale ?
Le plus jeune avait 23 ans et le plus âgé 43 ans ; la majorité était âgé d’une trentaine d’années. Ils habitaient à Lalobbe ou étaient originaires de Lalobbe. Quatre mois après la mobilisation générale, le 22 novembre 1914, le village enregistre le premier décès d’un de ses « enfants » Charles Coillot âgé de 32 ans, le dernier, « mort pour la France » fut Victor Aimé Faveaux le 9 octobre 1918.
Quelles étaient leur profession ?
Ils étaient cultivateur, manouvriers domestique de culture, terrassier, employé de commerce, camionneur, boulanger, instituteur, ajusteur, chauffeur au chemin de fer, courtier en timbres postes, douanier.
Et leur famille ?
Sur les dix soldats qui étaient mariés, six laissèrent des orphelins âgés entre 3 et 10 ans au moment du décès de leur père.
Où ont-ils perdu la vie ?
Pour la majorité, sur les champs de bataille, bataille de Verdun, le Chemin des Dames lors de l’offensive de Nivelle, la bataille des monts de Champagne, la bataille de la Somme, la bataille de Picardie. Seulement deux soldats sont décédés à l’hôpital.
Où sont-ils inhumés ?
Quelques uns ont disparu sur les champs de bataille, d’autres sont inhumés dans des cimetières militaires Quelques uns reposent au cimetière de Lalobbe
Si vous souhaitez en savoir un peu plus sur chacun d’entre eux, consulter les rubriques ci-dessous.
René Victor Arbonville (31 ans)

Il était boulanger à Lalobbe. Gravement blessé le 23 mai 1916, il est porté disparu le 24 mai dans les combats du Mort-Homme dans la Meuse.
Extrait du Journal Officiel du 1er septembre 1922
"ARBONVILLE (René-Victor), mle 016776, sergent : sous officier d’un courage remarquable. Le 23 mai 1916, a été blessé mortellement en assurant la liaison sous un feu violent de mitrailleuses au Mort-Homme. A été cité."
Paul Alfred Brick (33 ans)

Il était chauffeur au chemin de fer départemental (le petit train), marié et père d’une petite Paulette née en 1909 à Gespunsart où le couple résidait. Il est tué le 6 avril 1915 durant les combat d’Herméville en Woëvre dans la Meuse. Le village a été complètement détruit par les bombardements allemands.
Simon Henri Back (40 ans)

Il était ouvrier agricole et a péri le 16 avril 1917 à Berry au Bac dans les combats du Chemin des Dames lors de l’offensive Nivelle. Natif de Draize, il s’était marié en 1903 avec Flamine Anastasie Posé. Son beau frère Léon Posé (maire de Lalobbe) participa également à la grande guerre.
Extrait du Journal Officiel du 13 nov 1919
"BACK (Simon-Henri), mel 12471 caporal : gradé d’un dévouement silencieux, estimé de ses chefs et aimé de ses hommes. A trouvé la mort en se portant à l’assaut des positions ennemies, le 16 avril 1917. A été cité"
Charles Coillot (32 ans)

Il était cultivateur. Il décède à l’hôpital annexe de Chateau-Thierry (02) le 22 novembre 1914 des suites de ses blessures. Il est inhumé dans le cimetière français du Soupir. Il était marié et père d’André Jean né en 1910.
C’est le grand père de Marie-Josée, Denis, Francine, Jocelyne, Jacky, Mariline et Bruno Coillot
Pierre Alfred Catrin (39 ans)

Il était domestique de culture, marié sans enfant. Tué à Bezonvaux (55) le 25 février 1915, il est d’abord inhumé dans le cimetière de ce village puis son corps est transféré dans la nécropole nationale Le Faubourg Pavé à Verdun.
Extrait du Journal Officiel du 18 mai 1921
"CATRIN (Pierre-Alfred), mle 8090, soldat : soldat brave et dévoué. Tombé pour la France le 25 février 1915. Croix de guerre avec étoile de bronze"
Auguste Edmond Damerose (40 ans)

Il était domestique lors de son recrutement et fut également cocher à Attigny (1905), puis camionneur à Mohon (1907) et garçon brasseur.
Il est tué à Haudromont (55) le 15 août 1917. Sa tombe est à la Nécropole nationale Douaumont dans la Meuse.
Extrait du Journal officiel du 19 sept 1920
DAMEROSE (Auguste-Edmond), mle 2183, soldat : bon et brave soldat. Mort glorieusement pour la France à son poste de combat, le 15 août 1917, à Handromont. Croix de guerre avec étoile de bronze."
Victor Aimé Faveaux (43 ans)

Il était cultivateur. Alors qu’il était affecté au 8ème escadron du train, il contracte la grippe espagnole et décède le 9 octobre 1918 à l’hôpital auxiliaire n°91 tenu par les Franciscaines de Marie,11 impasse Reille à Paris 14 arr. Il est enterré au carré militaire parisien de Bagneux.
Sur sa tombe au carré militaire de Bagneux, il est inscrit sous le prénom de Félix
Charles Auguste Jacob (31 ans)

Il était préposé des douanes à Givet en 1909. Il est mobilisé comme douanier le 2 août 1914. Tué le 6 octobre 1916 dans le secteur des Eparges, il est inhumé dans le cimetière de Rupt en Woevre (55). Il était l’époux de Léa Juliette Carré et père d’un enfant de 5 ans André Eugène, le père de Michel Jacob et grand-père de Cédrik.
Extrait du Journal Officiel du 13 oct 1920
"JACOB (Charles-Auguste) ; mle 012087, sergent : excellent sous-officier. Le 6 octobre 1916, chef du petit poste de fusiliers-mitrailleurs, placé à quelques mètres de l’ennemi, et mortellement blessé, a déchargé par trois fois son arme sur les adversaires, faisant preuve jusqu’au dernier moment d’un calme et d’un courage remarquable. A été cité".
Joseph Henri Paul Jacquemain (35 ans)

Il était courtier en timbres postes lors de son recrutement. Il est lieutenant et disparait le 30 août 1917 dans les combats du Mont Sans Nom. Il serait inhumé dans le cimetière de Lalobbe.
Sur sa fiche militaire, il est noté :
"Cité à l'ordre de la 128° division n°5 du 6 août 1915 : A passé cinq nuits consécutives à la tête d'un barrage continuellement arrosé de pétards et de grenades et a pu grâce à son énergie et à son initiative pousser ce barrage quinze mètres plus en avant sans pertes sérieuses pour sa troupe. Croix de guerre étoile d'argent"
Extrait du journal officiel du 22 juin 1920
"JACQUEMAIN (Joseph-Henri-Paul), mle 144, lieutenant : officier renommé dans tout le régiment pour sa superbe bravoure. A été tué en entraînant sa compagnie à l’assaut, le 30 avril 1917. Croix de guerre avec palme."
Auguste René Lemoine (25 ans)

Il était instituteur. Blessé par un éclat d’obus à la tête dans les combats à la ferme des Chambrettes à proximité de Bezonvaux (55), il est transporté au poste de secours « Salomé » pour évacuation mais décède des suites de ses blessures le 24 septembre 1917.
Emile Henri Linsart (23 ans)

Il était terrassier, c’est le plus jeune soldat de Lalobbe décédé durant la grande guerre. Il est tué au nord ouest de Saily-Saillisel dans la Somme. C'était un oncle de Bernard Linsart, une de nos anciens maires.
Extrait du Journal Officiel du 23 sept 1920
"LINSART (Henri-Emile), mle 11337, soldat : brave soldat, belle conduite au feu. Tombé glorieusement, le 6 novembre 1916, en se portant à l’assaut des positions ennemies. Croix de guerre avec étoile d’argent"
Henri Constant Maquet (29 ans)
Il était cultivateur. Il est tué le 14 juin 1918 à la cote 109 dans le hameau de St Maur, commune de Gourany sur Aronde dans l’Oise.
Il avait été précédemment blessé à Larmorville (55) puis au Mort-Homme. Il est cité à l’ordre du régiment "Le 30 avril 1916, lors de l’attaque allemande, sa pièce s’étant enrayée, a conservé tout son sang froid et a fait le coup de feu avec son mousqueton jusqu’à ce que la réparation de sa pièce terminée, il puisse reprendre son tir."
Il a reçu à titre posthume une médaille militaire : "Brave caporal, belle conduite au feu. Tué à l'ennemi le 14 jun 1918 devant St Maur"
Les frères Auguste Henri Mouny et Albert Jean Louis Mouny (34 et 35 ans)
Ils étaient tous deux manouvriers et s’étaient mariés avec les soeurs Raimbeaux. Marie Antoinette avait épousé Auguste en 1911, le couple avait une fille née en 1912. Et Albert avait épousé en 1910, Emilie Appoline Augustine.
Auguste est mort le 16 avril 1917 au camp de César durant les combats de Berry au Bac. . Il est inhumé dans le hameau de Moscou proche de Berry au Bac.
Extrait du Journal Officiel du 8 avril 1920
"MOUNY (Auguste-Henri), mle 014112, soldat : pionnier infatigable. Pendant les deux mois qui ont précédé l’attaque, a travaillé à l’organisation de tranchées de départ dans des conditions particulièrement critiques et sous le feu constant des Allemands. Frappé mortellement en accomplissant son devoir pendant la journée du 16 avril 1917. A été cité"

Albert est mort à la tranchée de Calonne dans la Meuse le 5 mai 1915, il était sergent. Extrait du Journal Officiel du 28 nov 1920
"MOUNY (Jean-Louis-Albert), mle 04030, sergent : sous-officier d’un courage et d’un entrain remarquables. Tué pour la France, le 5 mai 1915, à la trancée de Calonne, dans l’accomplissement de son devoir, au cours d’un coup de main ennemi. Croix de guerre avec étoile de bronze".
Les deux frères Mouny figurent également sur le monuments aux morts de Grandchamp dont ils étaient originaires.
Emile Aimé Richard (24 ans)

Il était ajusteur et habitait à la Crotière. Il est porté disparu dans les combats de Servon-Melzincourt le 26 septembre 1914. Toutefois sur sa fiche de recrutement, il est indiqué qu’il est mort au combat de Beauséjour le 28 février 1915.
Il était marié et avait un fils Emile Edmond né en 1911. C’est l’arrière grand-père de Cathy Etienne.
Extrait Journal officiel du 20 janvier 1925
"RICHARD (Emile-Aimé), mle 06201, caporal : brave et dévoué caporal. Mort glorieusement pour la France, le 26 septembre 1914, en résistant vaillamment à une attaque ennemie, à Servon. Croix de guerre avec étoile de bronze".
Albert Anselme Satabin (36 ans)

Il était employé de commerce à Charleville en 1905. Il est sergent au 29e bataillon de chasseurs à pied (29e BCP) lorsqu’il est le 22 mai 1916 tué aux carrières d’Haudromont-devant-Verdun dans la Meuse.
Il était marié avec Juliette Georgette Lambert la fille d’un des dirigeants de la filature de Lalobbe. Il serait inhumé à Lalobbe.
Deuxième guerre mondiale
Cinq soldats figurent sur le monument aux morts

Paul Albri
Jean Bonnicke
Alfred David
Roger Legros
Berenger Morin
Paul Albri (38 ans) cultivateur, il est mort de maladie le 8 août 1943, prisonnier de guerre à Hambourg (Allemagne). Il aurait contracté cette maladie après s'être piqué avec une arrête de poisson.
Jean Henri Bonnicke (34 ans) était lieutenant. Le 20 août 1944, il reçoit la croix de guerre : "Jeune officier plein d'allant, a fait preuve au cours de plusieurs engagements, d'un grand courage et de sang froid, particulièrement lors du bombardement du 14 août 1944". Il a été tué par balle à Flin (Meurthe et Moselle) le 25 septembre 1944. Par décret du 11 mars 1947, il a reçu la médaille de la résistance française à titre posthume. Il est enterré au cimetière de Lalobbe (Ardennes).
Il était le fils de Joannes Emanuel Maria BONNIKE, né à Amsterdam en 1882, mort à Paris en 1968 et de Marcelle Marie Catherine Jacquemin (les parents de cette dernière, Joseph Jules Henri JACQUEMIN et Irma Zélie PARIS avaient acheté en 1920 le château de Lalobbe).

Alfred David (36 ans), originaire de la Sauge Aux bois, est mort en captivité à Nuremberg (Allemagne) le 29 août 1942
La bataille de France ou campagne de France désigne l'invasion des Pays-Bas, de la Belgique, du Luxembourg et de la France, par les forces du Troisième Reich de mai à juin 1940. L'offensive allemande débute le 10 mai 1940 mettant fin à la "drôle de guerre". Durant ces combats, deux soldats de Lalobbe furent tués.

Fernand Roger Laurent Legros (29 ans) était ouvrier boulanger en 1936. Natif de Rocquigny, époux de Lucienne Georgette Camuset, il est décédé des suites de ses blessures le 8 juin 1940 en Normandie à Heding-Hodenger (76).
Célestin Bérenger Alfred Morin (40 ans) cultivateur, époux de Marie Louis Guillemain est mort au combat à Saint Pol (62) le 20 mai 1940. Il laissa trois orphelins, Auguste (14 ans), Marie Louise (9 ans) et Léonie (12ans). C'est le grand père de Lydie, Nicole, Pascal et Laurence Morin.
Pour la première fois depuis 1922, le 11 novembre 2012 ne marque plus solennellement la seule célébration de la fin de la Première Guerre mondiale mais devient une journée d’hommage à tous les morts pour la France.
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