Depuis la loi Falloux de 1850, chaque village de plus de 800 habitants devait avoir une école de filles mais l'instruction des filles n'était pas obligatoire et était payante (comme celle des garçons).
Avec les lois Jules Ferry de 1882, l'obligation d'instruction de 6 à 13 ans permet de donner aux filles une éducation de base. La mixité est toujours prohibée, filles et garçons n'ont pas les mêmes programmes d'enseignement et la scolarité des filles est assurée uniquement par des institutrices. Selon Jules Ferry, "l’école primaire doit […] préparer les garçons aux futurs travaux de l’ouvrier et du soldat, les filles aux soins du ménage et aux ouvrages de femme".
À partir de 1924, avec le décret Léon Bérard, les programmes scolaires et le nombre d'heures d'enseignement sont identiques pour filles et garçons. Cela permet aux filles de passer le bac, et donc d'accéder aux études supérieures. En 1975, la mixité, qui avait été progressivement mise en place depuis l'après-guerre, est généralisée à tous les degrés de l'enseignement.
Avant la création de l'école normale des filles, les « institutrices » étaient formées, à Mézières, dans les locaux de l’Institution Sainte Chrétienne avec une orientation
prioritairement « éducation ménagère et familiale».
L'école normale des filles de Charleville fut édifiée en 1882-1884, celle des garçons avait été créée en 1831 dans un local désaffecté du séminaire de la place du St Sépulcre (aujourd'hui place Jacques Félix).
Les institutrices laïques depuis 1892
A Lalobbe, l'instruction des filles est assurée dès 1847 par des soeurs institutrices auxquelles la commune accorde en 1847 un traitement annuel de 100 Frs. Les cours sont dispensés dans un bâtiment (situé dans l'actuelle rue du Moulin), qui appartenait aux soeurs de la Divine Providence et ce jusqu'à la construction de l'école des filles en 1880. (voir publication "La Divine Providence et l'éducation des jeunes filles de Lalobbe").
La dernière soeur institutrice Melle Dethune, soeur Marie Mathilde, inaugurera le nouveau bâtiment et restera en poste jusqu'en 1892.
Angèle Elizabeth Thérèse Charpentier
Elle est la première institutrice laïque, nommée à Lalobbe en 1892, à l'âge de 27 ans. Elle est la fille de Jean Baptiste Charpentier, employé à la gare d'Amage (décédé en 1877 à l'asile d'aliénés de Prémontré dans l'Aisne). En 1886, elle est institutrice à Charleville puis successivement à Chuffilly-Roche où elle réside avec sa mère, à Authe, à Alincourt.
Elle exerce à Lalobbe jusqu'en 1894, on la retrouve ensuite en 1896 institutrice à Mainbressy jusqu'en 1902, puis au Chesnois Auboncourt (1903-1905), Falaise(1906-1910), Saulces-Monclin(1911) et Saint Germainmont (1921-1922).
Victorine Séraphine Alix Migeot
Elle est née à Givet en 1865, fille d'un préposé des douanes au poste de Charlemont.
En 1894, elle est mutée de Charleville à Lalobbe et y restera toute sa carrière jusqu'à sa retraite en 1924.
Dès 1895, elle présente avec succès six élèves toutes reçues au certificat d'études.
Dotée d'un fort caractère, elle s'oppose vivement au curé de la paroisse qui fait irruption dans sa classe afin de venir chercher les enfants pour le catéchisme.
Melle Migeot et le Curé - Article du Petit Ardennais du 26/10/1906
En 1908, elle est récompensée
Durant la première guerre mondiale, en 1915, elle crée une infirmerie dans l'école et n'hésite pas à intervenir auprès des autorités allemandes afin de préserver le village d'éventuelles exactions.
Article paru dans la presse
Extrait de "Les vaillantes " de Léon Abensour
Elle décède en 1951 à Margut.
Article de presse L'Ardennais 17/8/1951
Marcelle Aveline Irma Brasseur
Marcelle est née à Mâcon en 1894 d'un père mécanicien dans les chemins de fer.
Elle est nommée institutrice de l'école des filles à Lalobbe pour la rentrée de 1924 et réside dans le logement de fonction avec sa tante Berthe Brasseur. Elle fera toute sa carrière à Lalobbe.
En 1928 et 1929, elle organise les fêtes de l'école au cours desquelles des scénettes sont jouées par les élèves :
Article de presse Le Petit Ardennais 1928
Article de presse Le Petit Ardennais 1929
La classe des filles en 1930, il est bien dommage que Melle Brasseur n'ait pas pris la pose parmi ses élèves !
Durant la deuxième guerre mondiale, elle est remplacée par Mr et Me Couprie. L'organisation de l'école est changée, deux classes mixtes, celle des grands est tenue par Mr Couprie, celles des petits par son épouse Gilberte.
Durant cette difficile période, Melle Anne Legros, âgée de seulement 19-20 ans fille d'un cultivateur de la Besace, enseignera également à Lalobbe, probablement à partir du retour des évacués fin de l'année 1940 jusqu'à l'arrivée de Mr et Mme Couprie.
A son retour, l'organisation précédente sera de nouveau mise en place et Melle Brasseur reprendra une classe des filles.
En 1950, elle est faite officier d'académie et reçoit les palmes académiques.
Coupure de presse
Elle prend sa retraite en 1954, l'école est alors organisée en deux classes mixtes regroupant trois niveaux : une classe de la section enfantine au cours élémentaire 1ère année et une seconde classe du cours élémentaire 2ème année au cours moyen 2ème année.
Melle Brasseur restera à Lalobbe jusqu'à son décès en 1971, elle fera le catéchisme, certains ou certaines se souviennent peut-être d'avoir suivi ses cours de "caté"dans sa petite maison à l'entrée du village en venant de Signy, on y pénétrait par le petit corridor entre les deux maisons.
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